Est-ce que ça marche vraiment, les attrape-rêves ?

Est-ce que ça marche vraiment, les attrape-rêves ?

Vous êtes nombreux à poser cette question, avec une moue plus ou moins sceptique. Est-ce que ça marche vraiment ? Est-ce qu’il faut croire au "pouvoir" des attrape-rêves ?

Les plus cartésiens d’entre vous ne croient pas à la « magie » de ces objets porte-bonheur, alors que paradoxalement, les études scientifiques démontrent, sans aucune contestation possible, l’impact positif de ces objets sur un certain nombre de facteurs. À première vue, ils reposent effectivement sur des croyances « irrationnelles », selon lesquelles un objet, qui n’est pas lié de façon logique à une suite d’événements, peut en influencer positivement le cours. Mais, en réalité, les études scientifiques nous montrent que c’est dans le cerveau, que la « magie » opère.

Attardons nous d’abord sur les amérindiens, et notamment des Ojibwés qui sont à l'origine des attrape-rêves, pour comprendre ce phénomène complexe.

Pourquoi les attrape-rêves ont de vrais effets positifs pour ceux qui y croient dur comme fer

Comme bien des civilisations, les peuples autochtones d’Amérique du Nord ont développé une cosmogonie extraordinaire, qui a servi de cadre de lecture du Monde qui les entourait. Les croyances, les récits mythologiques, les mythes fondateurs et les symboles partagés par les Ojibwés leur permettaient de décrire et de justifier les événements du monde observable. Aucun peuple n’accepte d’être longtemps dans l’inconnu : tous fabriquent à long terme des histoires et des mythes qui expliquent pourquoi ils sont là et ce que sont les éléments qui les entourent.

Aujourd’hui, les connaissances scientifiques acquises ces derniers siècles suggèrent que la majorité des croyances amérindiennes – comme la plupart des croyances religieuses ou spirituelles - sont « invraisemblables » ou « irrationnelles », mais pour les amérindiens, elles étaient plausibles, sinon incontestables. Ils avaient une foi absolue en leur système de croyances, et si l’on se réfère à la littérature scientifique moderne, c’est cette foi qui rendait leurs superstitions et leurs objets porte-bonheur (dont les attrape-rêves font partie) vraiment efficaces.

En effet, la littérature scientifique récente montre que posséder un objet que l’on croit réellement associé à la chance ou effectuer une action susceptible de nous porter chance (superstition) peut vraiment augmenter nos chances de réussite dans une épreuve donnée (compétition, examen, guérison, défi, reconversion, etc.) et élever le niveau de nos performances. Au cours d’une étude menée en 2010, des psychologues allemands ont demandé à deux groupes d’étudiants de faire une partie de mini-golf. Ils ont donné, à chacun des deux groupes, des balles de golf classiques, mais ils ont dit aux élèves du second groupe que leurs balles étaient un peu différentes, qu’elles portaient « chance ». Après que la partie fut finie, ils ont pu constater que les élèves qui croyaient jouer avec des balles « spéciales » avaient des performances 35 % plus élevées que celles du premier groupe.

Et les études qui soulignent cet avantage inattendu sont nombreuses. Elles suggèrent toutes que les porte-bonheur ne portent pas vraiment bonheur mais qu’ils influent positivement sur un certain nombre de paramètres psychologiques qui eux-mêmes contribuent au succès et à la « chance » :

  • Augmentation nette de la confiance en ses propres capacités [1].
  • Réduction de l’anxiété et régulation de la tension psychologique.
  • Impression de meilleur contrôle des événements et meilleur sens de la prédictibilité [2].
  • Amélioration de l’auto-efficacité, de l’optimisme et de l’espoir [3][4].
  • Amélioration de la motivation et meilleure persistance dans l’effort [5]: les personnes qui croient avoir de la chance, vont essayer d’accomplir une tâche difficile avec plus de fermeté et d’obstination.

En clair, si vous pensez qu’avoir un objet fétiche lors d’une épreuve peut vous porter chance, vous augmentez vos chances de réussite dans cette épreuve [6][7] grâce à l’amélioration globale de plusieurs facteurs cognitifs.

Dès lors, la prévalence des porte-bonheur et des superstitions à travers les cultures, les âges et les aires géographiques n’est plus une surprise [8][9]. Tout comme la part importante des sportifs de haut niveau et des étudiants, deux catégories d’individus mis sous pression et confronté à une épreuve, à opter pour des gris-gris ou des routines superstitieuses [10]. Leurs croyances « irrationnelles » marchent vraiment parce qu’ils ont le sentiment que ça peut marcher.

D’accord, les attrape-rêves sont vraiment efficaces pour les amérindiens, puisqu’ils croient dur comme fer en leurs mythes et légendes. Mais qu’en est-il des personnes occidentales comme nous qui n’avons pas hérité de ces traditions orales ? Est-ce que ces objets peuvent être efficaces pour nous aussi, en n’y croyant… qu’à moitié ? La question est légitime. Et là aussi, la communauté scientifique s’y est attardée.

Pourquoi les attrape-rêve peuvent aussi marcher pour ceux qui n'y croient qu'à moitié

Il apparait qu’on est tous doté de deux « systèmes » de raisonnement cognitif pour nous aider à réfléchir, croire et prendre des décisions. Le premier, le « système 1 », serait le plus rapide. Il fonctionne de manière inconsciente ou automatique, en se basant davantage sur l’intuition lorsque nous manquons de connaissance sur un sujet. Le second, le « système 2 », est plus lent et plus exigeant : il fonctionne de manière rationnelle, analytique et logique. Il faut décider de le mettre en marche pour qu’il fonctionne, et éventuellement, pour qu’il corrige le « système 1 » si celui-ci s’est trompé.

Seulement voilà, l’activation de ce deuxième système demande un véritable effort, qui n’est pas toujours fourni par l'individu. Si celui-ci a toujours cru en une théorie, et qu’un nouvel élément permettant de la discréditer survient, il aura du mal à « activer » le système 2 par peur de découvrir qu’il s’est trompé pendant tant d’années.

Il peut également arriver que le système 2 contredise le système 1, mais que la personne décide malgré tout de ne pas corriger son erreur initiale. Elle se retrouve alors dans un entre-deux paradoxal - « Je pense que cette superstition n’a aucun fondement rationnel, mais on ne sait jamais. » ou « ça n’a aucun sens, mais j’ai envie d’y croire » - extrêmement répandu. Un tel paradoxe expliquerait pourquoi nous sommes très nombreux à croiser les doigts, à ne pas ouvrir un parapluie dans la maison ou à toucher du bois en sachant pertinemment que ça n’a aucun fondement rationnel.

D’après les études scientifiques, ce paradoxe surviendrait plus facilement si le renoncement à la correction du système 1 par le système 2 n’entraîne aucun inconvénient ou inconfort majeur et si l’effort à fournir pour suivre le système 1 est mince.

Si vous marchez le long d’un trottoir et que vous tombez soudain nez à nez avec une grande échelle accotée au mur d’une maison, il y a de grandes chances que vous préfériez contourner l’obstacle plutôt que de passer au-dessous. Pourtant, au fond de vous, vous savez très bien que cette superstition n’a pas vraiment de sens, et que passer sous cette échelle n’aura très probablement aucune conséquence pour vous. Mais puisque l’effort à fournir pour éviter l’échelle est mince, et que cela ne présente pas d’inconvénient de faire ce détour, vous préférerez tout de même écarter le risque, infime, que la superstition ait un fond de vérité.

Le même phénomène se produit avec les porte-bonheur. Dans certaines circonstances, les personnes les plus cartésiennes peuvent se doter d’un porte-bonheur, et y croire sans y croire (le fameux paradoxe), si l’effort à fournir pour s’approprier cet objet est mince (cadeau, dons, prix abordable...) et n’entraîne pas d’inconvénient, s’il a d’autres atouts (par exemple s’il est joli, s’il a été fait par un artisan, s’il soulève des histoires intéressantes) et s’il présente des traits ayant une ou plusieurs signification(s) personnelle(s).

Alors, pour eux aussi, la « magie » peut opérer : croire (temporairement ou non) en des choses auxquelles on ne croit pas réellement, peut, selon les mêmes mécanismes, provoquer des conséquences cognitives et psychologiques positives.

C’est ainsi que les attrape-rêves peuvent « marcher » pour les personnes qui ne considèrent pas les légendes amérindiennes comme des vérités indiscutables, et pour celles qui veulent jouer à y croire, même à moitié.

Avec ses possibilités de personnalisation (couleurs, choix des matériaux), ses enchantements (des vœux qui peuvent cibler directement certains profils) et la purification de ses attrape-rêves, Le Nuage et la dune s’efforce de maximiser cet effet « porte-bonheur » en rendant les attrape-rêves plus personnels et porteurs de sens.

Par ailleurs, même si la cosmogonie amérindienne n’apparait pas très rationnelle de premier abord, elle peut constituer un substitut séduisant à la cosmogonie scientifique, qui permet davantage d’éliminer des croyances et des théories, que d’offrir un éclairage clair et définitif sur l’origine du monde et du sens de la vie. Contrairement aux mythologies, les théories scientifiques fournissent davantage de questions que de réponses, et sont par essence sujettes régulièrement à de profonds remaniements. Il est donc compréhensible qu’une partie de la population occidentale soit charmée par les mythologies amérindiennes et puisse être convaincue, au moins temporairement ou partiellement, de l’efficacité de ces objets sacrés dans un monde de plus en plus désenchanté…

En résumé…

  • Les attrape-rêves « marchent » si l’on adhère à la cosmogonie amérindienne.
  • Les attrape-rêves peuvent « marcher » si l’on s’abandonne à croire, au moins partiellement ou de façon éphémère, à l’efficacité de ces objets.
  • Les attrape-rêves peuvent « marcher » si on les acquiert pour une autre raison, et qu’on finit par tisser un lien familier avec l’objet.
  • Les attrape-rêves n’aident pas directement à mieux dormir : ils peuvent contribuer à améliorer, indirectement, et par des mécanismes complexes, le quotidien (et donc le sommeil) ainsi que favoriser la réussite de projets, d’événements ou d’épreuves.
  • Les enchantements des attrape-rêves artisanaux du Nuage et de la dune ne sont pas des « bienfaits » mais des vœux émis par la créatrice, pouvant renforcer les effets .

 

Références scientifiques

[1] Richard Wiseman; Caroline Watt (2004). Measuring superstitious belief: why lucky charms matter. , 37(8), 1533–1541. doi:10.1016/j.paid.2004.02.009    

[2] Schippers, M.C., & Van Lange, P.A.M. (2006). The psychological benefits of superstitious rituals in top sport: A study among top sportspersons. Journal of Applied Social Psychology, 36, 2532–2553.

[3] Day, L., & Maltby, J. (2003). Belief in good luck and psychological well-being: The mediating role of optimism and irrational beliefs. The Journal of Psychology, 137, 99–110.

[4] Day, L., & Maltby, J. (2005). “With good luck”: Belief in good luck and cognitive planning. Personality and Individual Differences, 39, 1217–1226

[5] Bandura, A., & Schunk, D.H. (1981). Cultivating competence, self- efficacy, and intrinsic interest through proximal self-motivation.

[6] Feltz, D.L., Short, S.E., & Sullivan, P.J. (2008). Self-efficacy in sport. Champaign, IL: Human Kinetics.

[7] Damisch, L.; Stoberock, B.; Mussweiler, T. (2010). Keep Your Fingers Crossed!: How Superstition Improves Performance. Psychological Science, 21(7), 1014–1020. doi:10.1177/0956797610372631

[8] Jahoda, G. (1969). The psychology of superstition. London: Allen Lane/Penguin Press

[9] Vyse, A. (1997). Believing in magic: The psychology of superstition. New York: Oxford University Press

[10] Lobmeyer, D., & Wasserman, E.A. (1986). Preliminaries to free throw shooting: Superstitious behaviour? Journal of Sport Behavior, 9, 70–78.


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